La précarisation fragilise le statut du journaliste

, par Faouzia

Les journalistes sont confrontés à une précarité grandissante dans l’exercice de leurs métiers. Lors du colloque du 18 avril, ce thème a fait l’objet d’un atelier au cours duquel ont échangé des journalistes, chercheurs et avocats. Ils ont répondu aux interrogations des futurs journalistes. 

Le constat est alarmant. La situation des pigistes devient de plus en plus précaire au regard de leurs revenus. La rémunération pour un feuillet de1500 signes plafonne en moyenne à 53 euros net. Chaque année, les rédactions ont pour obligation de réévaluer les salaires versés à leurs salariés. Or, les pigistes ne sont pas, ou trop peu, pris en compte. L’explication est simple : il n’existe aucun tarif de pige dans les barèmes de salaires.
Les pigistes doivent se montrer vigilants face à leurs contrats ou au type de rémunération qui leur est proposé. La loi Cressard du 4 juillet 1974 précise que « toute convention par laquelle une entreprise de presse s’assure, moyennant rémunération, le concours d’un journaliste professionnel » est « présumé être un contrat de travail. Cette présomption subsiste quels que soient le mode et le montant de la rémunération ainsi que la qualification donnée à la convention par les parties » rappelle l’avocat Octave Nitkowski. Pour préserver son statut de salarié et pour relever de la convention collective nationale de travail des journalistes, le pigiste doit éviter d’avoir comme seule source de revenus des contrats CDD-U (contrat à durée déterminée d’usage) ou un statut de travailleur indépendant (donc payé sur facture).
Il faut rappeler l’article L7111-3 du Code du travail qui donne la seule définition légale du journaliste professionnel, sans préjuger de la détention ou non de la carte de presse : « toute personne qui a pour activité principale, régulière et rétribuée, l’exercice de sa profession dans une ou plusieurs entreprises de presse, publications quotidiennes et périodiques ou agences de presse et qui en tire le principal de ses ressources ».
La précarité ne concerne pas que les journalistes pigistes. Les situations de « burn-out » liées à la surcharge de travail et à la pression qui en découle sont fréquentes. La polyvalence des journalistes fait partie des atouts de cette profession, elle participe néanmoins à sa fragilisation. Le journaliste est souvent amené à travailler sur plusieurs supports à la fois, provoquant ainsi un surmenage.

Autre problématique liée à la polyvalence et soulevée par Malika Butzbach, journaliste pigiste et co-présidente de l’association « Profession Pigiste » : « Quand on demande aux journalistes de prendre des photos pour [accompagner] leurs articles, de fait on met les journalistes-photographes et leur métier en danger. D’où la perte de vitesse.

L’implantation de l’IA dans les rédactions  
ChatGPT, l’intelligence artificielle qui permet la rédaction d’articles à la demande, commence à s’immiscer dans le quotidien de certains médias, comme c’est le cas du groupe Prisma le magazine « Voici » en tête, qui sous-traite 10 % de ses articles. Même si cela ne concerne que les petites tâches pour l’instant, son utilisation perturbe déjà l’organisation des rédactions et chamboule le rôle des journalistes. « Si tous les petits articles sont écrits par ChatGPT, le lien entre le lecteur et le journaliste va se perdre, c’est là que ça pose problème. » réagit Marjorie Duponchel, journaliste, déléguée SNJ et élue à la commission de la carte d’identité des journalistes professionnels (CCIJP). L’arrivée de l’IA risque à l’avenir de faire disparaître certaines professions : « Aujourd’hui, on peut par exemple générer automatiquement des graphiques qui permettent d’illustrer un propos dans nos articles. Mais, demain, que vont devenir les personnes responsables de ces graphiques ? », ajoute Ludovic Finez, journaliste et délégué SNJ CGT. Dans certains journaux, les quotidiens "L’Est républicain" et "Vosges Matin", l’intelligence artificielle est déjà testée pour la relecture des articles.
Face à la précarisation de la profession, plusieurs instances existent pour venir en aide aux journalistes concernés par ces dangers.
Plusieurs associations accompagnent et conseillent au mieux les journalistes dans ces situations critiques. Les syndicats présents dans les rédactions sont là eux aussi pour faire valoir les droits de tous au sein de l’entreprise.

Chloé Lanies

Podcasts du Colloque du Club de la presse HDF du 18 avril 2024 réalisés par les étudiants de l’ISFJ (Institut Supérieur de Formation au journalisme) à Lille

Un podcast réalisé par des étudiants de l’ISFJ Lille

Colloque club de la presse HDF - Atelier : La précarisation des métiers

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Colloque Club de la presse HDF - Atelier : La précarisation des métiers


 

 

 

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